Comment la consommation d’énergie de refroidissement évolue-t-elle réellement et est-elle utilisée efficacement ? Le modèle d’extrapolation développé par ISS fournit des réponses à ces questions. Dans cet entretien, Simon Künzi et Marco Mäder expliquent comment ils ont mis au point le modèle et ce qu’il apporte.
Jusqu’à ce jour, le législateur ne rend pas encore ce relevé obligatoire. Mais le calcul de la consommation d’électricité pour le refroidissement dans les entreprises nationales fait actuellement l’objet de discussions approfondies. Qui plus est, ce relevé n’est souvent guère facile à faire, car un portefeuille immobilier peut contenir une grande variété de systèmes de refroidissement. Il faudrait les mesurer séparément, ce qui coûterait évidemment beaucoup d’argent. Un autre problème dans les immeubles loués est que le propriétaire n’est pas obligé de mettre à disposition des équipements de mesure ad hoc. En outre, toutes les mesures doivent être transférées vers un système de monitoring et évaluées par des experts. Cela aussi constitue souvent un obstacle économique.
Les exigences légales dans le secteur de l’énergie deviennent de plus en plus strictes à mesure que le changement climatique s’affirme. Ces dernières années par exemple, l'initiative Exemplarité Énergie et Climat de la Confédération (EEC) a déjà défini des objectifs pour les gros consommateurs. Et une obligation d’optimisation des opérations pour les PME est actuellement mise en place au niveau cantonal. Comme nous l’avons déjà mentionné, la vérifiabilité de la consommation d’électricité est également encouragée pour les entreprises proches du niveau fédéral. Nous partons du principe que cela pourrait devenir la norme pour tous les gros consommateurs à l’avenir.
En fournissant des chiffres clés, l’étude de la consommation d’énergie de refroidissement permet de tirer des conclusions sur l’efficacité énergétique des installations, et donc sur leur potentiel d’optimisation spécifique. Cela fournit également des informations importantes concernant les mesures de rénovation de la structure des bâtiments. Jusqu’à présent, les bâtiments étaient conçus essentiellement dans l’optique de l’isolation thermique en hiver. Face à l’accélération du réchauffement climatique, l’isolation thermique en été ne cesse toutefois de gagner en importance.
Les entreprises et les gestionnaires d’importants portefeuilles immobiliers peuvent ainsi calculer et obtenir la demande totale d’énergie de manière économique.
Le modèle convient pour les portefeuilles immobiliers de plus de 100 immeubles. Il peut être adapté individuellement à tous les types de bâtiments et d’utilisations possibles. Ses paramètres actuels sont conçus pour les bâtiments de bureaux et commerciaux dotés d’équipements techniques. Mais la procédure peut aussi être simplifiée pour les clients ayant un petit portefeuille immobilier. En tout état de cause, certaines mesures et bases de données, telles que le détail des superficies des bâtiments, doivent être disponibles.
Interview
Nous utilisons les bases de données du système de monitoring énergétique ainsi que des mesures et des références individuelles pour extrapoler la consommation totale nécessaire pour le refroidissement. Afin d’obtenir le résultat le plus précis possible lors de l’extrapolation, il est recommandé d’inclure dans les mesures tous les bâtiments de grande taille et critiques d’un point de vue opérationnel faisant partie du portefeuille. Pour le portefeuille résiduel, qui inclut tous les bâtiments pour lesquels il n’existe pas de données mesurées et évaluées, le calcul donne les valeurs souhaitées grâce aux références. L’extrapolation des données mesurées et extrapolées permet d’obtenir une assertion fiable sur la consommation énergétique totale nécessaire pour le refroidissement. Afin de vérifier la plausibilité des données, il est conseillé de contrôler les bâtiments mesurés au moins une fois par mois dans le système de monitoring énergétique et de présenter les données dans un rapport détaillé.
Le monitoring énergétique permet de surveiller en continu la consommation de chaleur, d’électricité et d’eau et de mettre en évidence les écarts et les dysfonctionnements du système. Cela inclut également des comparaisons annuelles. Les données sont utilisées pour vérifier les objectifs d’économie d’énergie et de CO2. Le gestionnaire énergétique vérifie la consommation mensuelle à l’aide de chiffres clés et de diagrammes spécifiques. Si des écarts non imputables au climat extérieur peuvent être mis en lumière, des interventions peuvent être décidées pour remédier aux éventuels dysfonctionnements de l’installation. Jusqu’à ce jour, personne ou presque n’évoquait la possibilité d’une correction climatique pour la consommation de froid et il n’existait pas de suivi approprié. Par conséquent, une mise en œuvre de l’évaluation des données et des algorithmes correspondants est nécessaire.
Nous avons par exemple dû définir les limites du système dans ce portefeuille immobilier complexe englobant 1'000 biens. Outre les unités de refroidissement proprement dites, des entraînements auxiliaires tels que des pompes ou des échangeurs de chaleur représentent une part non négligeable du courant consommé. Il a fallu soit les relever, soit les délimiter. Un autre défi était l’identification de toutes les surfaces refroidies par type de refroidissement afin de pouvoir en extrapoler la consommation respective.
Son élaboration a pris environ quatre mois. Dans un premier temps, il a fallu déterminer les possibilités et la faisabilité et élaborer les principes de base. Ensuite, nous avons dû préparer les bases de données et les mesures en vue du traitement subséquent.
Le modèle a dû être entièrement repensé depuis une feuille blanche. Il n’existait pas dans la littérature de mode d’emploi ni de normes exploitables. Les systèmes de refroidissement ainsi que les exigences et les principes sont totalement différents dans un portefeuille immobilier aussi diversifié, constitué à la fois d'immeubles de bureaux, d'immeubles commerciaux et de centres informatique. Dans cet environnement complexe, obtenir une vue d’ensemble du portefeuille global n'a guère été facile. En plus des mesures et l'acquisition de la base de donnée (par exemple, quelles zones sont-elles réellement refroidies ?), nous avons dû relever le défi qui constituait à préparer les données de manière appropriée afin qu’elles puissent être utilisées pour d’autres bâtiments.
Daniel Brändli
Profils de personnes
Responsable Gestion de l'énergie
dirige depuis 2015 la gestion énergétique chez ISS et s’occupe d’environ 1’800 bâtiments dans toute la Suisse pour les questions énergétiques. Ce technicien de climatisation HES possède un CAS en optimisation des opérations HES et un CAS en gestion énergétique HES.
Responsable d'énergie
est responsable du controlling énergétique et de l’optimisation de l’exploitation depuis 2016 dans le mandat Swisscom. Le planificateur en ventilation, titulaire d’un BSc FHO en ingénierie énergétique/environnementale et d’un MAS « construction durable », a développé ce modèle dans le cadre de son travail de master.
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